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paulinegourlet authored Oct 13, 2023
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Expand Up @@ -155,7 +155,7 @@ Ces principes sont au fondement du courant “éthiciste” de l’IA. On en tro

Pour des personnes vivant un tant soit peu éloigné des milieux de production de l’IA (géographiquement et/ou pratiquement), cette menace globale exprimée par des experts et largement relayée par les médias fait émerger un sentiment d’impuissance et de perplexité. À bien des égards, on est tenté d'invoquer l'image des singes face au célèbre ![Extrait de 2001, Space Odyssey, 1968](https://corpora.medialab.sciences-po.fr/contenus/capture-de-cran-2023-09-25-a-12-55-30.png>https://mediaproxy.salon.com/width/1200/height/675/https://media.salon.com/2013/07/2001_monolith.jpg) de *2001, L'odyssée de l'espace*.

On désigne par *traitement monolithique* de l’IA, les récits qui la font exister comme phénomène univoque, global, à la fois puissant et menaçant, sans spécifier ni les systèmes techniques en jeu ni les agencements sociaux, politiques et économiques dans lesquels ils sont pris. Ce type de traitement a notamment pour effet d’invisibiliser les préoccupations et actions entreprises par certains acteurs pour résister ou faire bifurquer les trajectoires locales de développement de l’IA. De plus, il fait émerger une critique symétrique qui essaye de montrer que “l’IA n’existe pas” ([Jaton, 2021](https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/03063127231194591#bibr38-03063127231194591)), qui ne nous laisse pas nécessairement plus en capacité d’appréhender ce qui est en jeu, même si elle possède une certaine puissance affective et mobilisatrice.
Dans cette étude, on désigne par *traitement monolithique* de l’IA, les récits qui la font exister comme phénomène univoque, global, à la fois puissant et menaçant, sans spécifier ni les systèmes techniques en jeu ni les agencements sociaux, politiques et économiques dans lesquels ils sont pris. Ce type de traitement a notamment pour effet d’invisibiliser les préoccupations et actions entreprises par certains acteurs pour résister ou faire bifurquer les trajectoires locales de développement de l’IA. De plus, il fait émerger une critique symétrique qui essaye de montrer que “l’IA n’existe pas” ([Jaton, 2021](https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/03063127231194591#bibr38-03063127231194591)), qui ne nous laisse pas nécessairement plus en capacité d’appréhender ce qui est en jeu, même si elle possède une certaine puissance affective et mobilisatrice.

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Expand All @@ -168,18 +168,18 @@ Pourtant, à bien regarder, on peut observer ici et là des manières d’agir e
## Désexceptionnaliser l’intelligence artificielle
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En adoptant une démarche empirique qui tente de suivre les systèmes techniques au plus près des processus qui leur donnent forme, on propose de sortir des traitements monolithiques focalisés sur l’(in)existence et les méfaits de l’IA pour décrire des genèses et des pratiques. Il s’agit de pister et rendre visible les nombreuses opérations par lesquelles des systèmes techniques dits d’IA prennent forme, agissent et affectent le monde. Cette approche empirique a pour effet de désexceptionnaliser l’IA en la resituant dans des histoires et des gestes concrets et permet de revisiter à nouveaux frais les conflits et controverses qui émergent.
En adoptant une démarche empirique qui tente de suivre les systèmes techniques au plus près des processus qui leur donnent forme, on propose de sortir des traitements monolithiques focalisés sur l’(in)existence et les méfaits de l’IA pour décrire des genèses et des pratiques. Il s’agit de pister et rendre visible les nombreuses opérations par lesquelles des systèmes techniques dits d’IA prennent forme, agissent et affectent le monde. Cette approche empirique a pour effet de désexceptionnaliser l’IA en la resituant dans des histoires et des gestes concrets et oblige de revisiter à nouveaux frais les conflits et controverses qui émergent.


Car l’IA ne fait pas non plus figure d’exception quant aux modes de gestion de ses controverses. Pour accompagner son développement, rassurer et désamorcer les conflits, les pouvoirs publics et les entreprises de “la tech” ont recours à des dispositifs participatifs. On ne compte plus le nombre de consultations publiques, de chartes éthiques ou de sessions de design participatif qui ont fait discuter un public élargi pour mieux anticiper les risques et débattre des rapports IA-société.

Cette manière de gouverner les problèmes liés à l'introduction d'une nouvelle technologie n’est pas nouvelle. Depuis les années 2000 en France (et plus largement en Europe), la voie de la participation et de la délibération, instanciée dans des dispositifs variés pour tout un tas d’innovations technologiques (forums de consensus, consultations, conventions…), s’est imposée comme une réponse pertinente pour prévenir les risques et problèmes éthiques induits par de les développements techniques. Les sciences sociales ont joué un rôle significatif, au côté des associations et des administrations, pour promouvoir ces modalités participatives, même si leur efficacité a été largement remise en cause par plusieurs travaux empiriques (pour une histoire de la “nébuleuse sciences-société”, voir [La Démocratie des Chimères](https://www.ehess.fr/fr/ouvrage/d%C3%A9mocratie-chim%C3%A8res), de Sara A. Aguiton).

Chez les auteurs intéressés par ce tournant participatif dans les processus démocratiques, certains parlent d’*injonction à participer* [Zask](https://www.editionsbdl.com/produit/participer-essai-sur-les-formes-democratiques-de-la-participation/) ou de *participation-washing* (dans le cas de l’IA, voir par exemple les travaux de [Mona Sloane](https://arxiv.org/abs/2007.02423)).
Chez les auteurs intéressés par ce tournant participatif dans les processus démocratiques, certains parlent d’*injonction à participer* ([Zask](https://www.editionsbdl.com/produit/participer-essai-sur-les-formes-democratiques-de-la-participation/)) ou de *participation-washing* (dans le cas de l’IA, voir par exemple les travaux de [Mona Sloane](https://arxiv.org/abs/2007.02423)).

> “Il arrive bien souvent que le résultat soit décevant, surtout lorsque participer se limite finalement à légitimer un dispositif existant, sans pouvoir ne se prononcer ni sur les motifs poursuivis ni même sur les décisions qui sont prises.”

Catherine Zask, 2018
Joëlle Zask, 2018

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